Signé d'un certain Alex au patronyme assez illisible!
Poème de Noël, p1. |
P1 Simple ébauche,
Un souffle a fait frémir les feuilles des ormeaux
Sur le ciel, violet d'une teinte idéale,
La cime des sapins se balance, plus pâle.
L'astre d'or a franchi le sommet des coteaux.
L'immense paix alors s'épand sur la nature,
Bien douce après un jour tout entier de labeur;
Et l'ouvrier des champs s'abandonne au bonheur
Du repos familial, de la récolte sûre.
C'est pour les siens qu'il a peiné sur les sillons.
Les enfants vigoureux, la ménagère accorte,
Ils sont là près de lui, groupés devant la porte,
respirant dans le soir le parfum des moissons.
Ils ne se parle pas. A quoi bon quand on s'aime
Et qu'on ne connait pas le langage d'amour.
Elle, regarde Pierre, alors Pierre à son tour
regarde les petits pour la voir elle-même.
Sur son coeur tendrement elle endors le poupon,
La fillette en jouant, cause avec sa poupée;
Son frère est sur le banc, avec la soeur aînée
qui gravement lui fait réciter sa leçon.
Et la voix du petit, lente, un peu monotone,
Poème de Noël, p2 et 3. |
P2 Trouble seule un instant le silence du soir
Avec les mots divins de pardon et d'espoir,
Va se perdre au lointain et longuement résonne….
La mère a déposé l'enfant dans son berceau...
Un oiseau jette un cri en regagnant sa branche….
L'écho redit sans fin la plainte du crapaud….
Curieuse, une étoile, au bord du ciel, se penche….
Chaîne invisible.
C'est un rien, et c'est tout, de ces riens qu'on adore,
De ces riens dont on vit, dont on meurt quelquefois.
Une vieux livre jauni, que l'on feuillette encore,
Une fleur qui s'émiette, en la frôlant du doigt.
Moins encore: un parfum très doux, que l'on respire,
Dont l'arôme subtil est celui du passé,
Un geste, un simple mot, un regard, un sourire,
Un nom qui dans l'oubli déjà tombe, effacé.
On voit, on se souvient, et c'est la vie humaine,
Faite avec des baisers, des rêves, des soupirs,
Chacun de nos regards, chacun de nos désirs
Forge un nouvel anneau de cette longue chaîne.
Et c'est pourquoi quand vient l'heure du grand adieu,
Par lambeau quand le coeur s'arrache à ce qu'il aime
P3 Puisqu'il faut tout quitter pour vous trouver mon Dieu!-
Il est si douloureux le brisement suprême!…..
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Noël là-bas…
Comme il fait froid dehors en ce soir de Noël!
Pour oreiller la terre, et pour voûte le ciel,
Autour, la Mort qui guette,
Les deux pieds dans la boue, et face aux ennemis,
Dans leurs creux détrempés nos héros sont blottis,
En cette douce fête!
S'ils ont vécu sur les chemins et dans les bois,
S'ils ont souffert longtemps: des semaines, des mois,
S'ils ont lutté sans trêve,
Par la bise d'hiver, s'ils ont été glacés,
Ils ne le savent plus, ce soir, ils sont bercés
Entre les bras du rêve.
Voyez donc celui-ci, presque un enfant encore,
Ce n'est pas dans un trou, c'est dans son lit qu'il dort,
Sa mère est là, se penche...
Il a très bien senti son baiser maternel.
Même elle a dû sortir, car c'est demain Noël,
Ses habits du dimanche.
"Maman", dit le petit, en étendant les bras,
Ah! Ces appels d'amour qu'elles n'entendent pas
Ces (ou les) mères, ces berceuses,
Le nom jeté la nuit, aux quatre vents du ciel.
P4 et p5 |
P4 Peut-être fera-t-il - car c'est demain Noël,
les cloches moins joyeuses.
………………………………………
Comme il fait bon ce soir, et comme ils sont touchants,
Ces tout petits souliers, des deux petits enfants,
Devant la cheminée.
Les minuscules blancs, aussi larges que longs
Puis un peu rapprochés des tisons,
ceux de la soeur ainée.
Pour faire au doux Sauveur la liste des joujoux
Convoités, les chéris se sont mis à genoux;
Comme (mot pas sûr) Papa regarde,
Maman sourit un peu, de ce naïf appel,
Mais Jésus l'entendra - car c'est demain Noël-
"Allons! debout la Garde!"
Dans un brusque réveil, le soldat comprend, voit:
C'est la tranchée humide, il fait noir, il a froid…
Comme il est bien, son rêve!
Son foyer… Ses enfants… il est seul sous le ciel.
C'est la nuit… c'est l'hiver… et c'est demain Noël!
- "Debout! C'est la relève!"
Debout sur le créneau, guette les ennemis,
Veille pour protéger les soldats endormis
Étendus sur la terre.
Comme un rempart vivant, dresse-toi dans la nuit,
L'arme au bras, prête bien l'oreille au moindre bruit,
C'est ton Noël de guerre!
P5
Minuit! frêle et lointain, comme venant du ciel,
s'égrène l'Hosanna des cloches de Noël,
Semeuses d'espérance!
Des carillons d'antan réveillez les échos;
Pour bercer doucement l'âme de nos héros,
Sonnez, cloches de France!
24 Décembre 1915
Fraîche idylle
- Souvenirs d'hôpital -
On se retrouve avec délices
À l'Hôtel-Dieu chaque matin,
Ils sont dans le même service,
Lui est grave, elle a l'air mutin.
Dés qu'on se retrouve on se presse
La main, et ce geste banal
A la douceur d'une caresse,
Dans cette salle d'hôpital.
On parle de très graves choses:
Abcès, phlegmons, troubles nerveux,
Et l'on se sent devenir roses,
Soudain d'être là tous les deux.
Elle présente les compresses,
Lui les prend, très calme, et ne voit