jeudi 24 décembre 2015

3 poèmes dont un de Noël, et un poème d'Amour. N° 139, du 24 Décembre 1915.

Daté du 24 décembre 1915.
Signé d'un certain Alex au patronyme  assez illisible!
Poème de Noël, p1.



P1     Simple ébauche,

Un souffle a fait frémir les feuilles des ormeaux
Sur le ciel, violet d'une teinte idéale,
La cime des sapins se balance, plus pâle.
L'astre d'or a franchi le sommet des coteaux.

L'immense paix alors s'épand sur la nature,
Bien douce après un jour tout entier de labeur;
Et l'ouvrier des champs s'abandonne au bonheur
Du repos familial, de la récolte sûre.

C'est pour les siens qu'il a peiné sur les sillons.
Les enfants vigoureux, la ménagère accorte,
Ils sont là près de lui, groupés devant la porte, 
respirant dans le soir le parfum des moissons.

Ils ne se parle pas. A quoi bon quand on s'aime
Et qu'on ne connait pas le langage d'amour.
Elle, regarde Pierre, alors Pierre à son tour
regarde les petits pour la voir elle-même.

Sur son coeur tendrement elle endors le poupon,
La fillette en jouant, cause avec sa poupée;
Son frère est sur le banc, avec la soeur aînée
qui gravement lui fait réciter sa leçon.

Et la voix du petit, lente, un peu monotone,


Poème de Noël, p2 et 3.
P2       Trouble seule un instant le silence du soir
Avec les mots divins de pardon et d'espoir,
Va se perdre au lointain et longuement résonne….

La mère a déposé l'enfant dans son berceau...
Un oiseau jette un cri en regagnant sa branche…. 
L'écho redit sans fin la plainte du crapaud….
Curieuse, une étoile, au bord du ciel, se penche….


Chaîne invisible.

C'est un rien, et c'est tout, de ces riens qu'on adore,
 De ces riens dont on vit, dont on meurt quelquefois.
Une vieux livre jauni, que l'on feuillette encore,
Une fleur qui s'émiette, en la frôlant du doigt.

Moins encore: un parfum très doux, que l'on respire,
Dont l'arôme subtil est celui du passé,
Un geste, un simple mot, un regard, un sourire,
Un nom qui dans l'oubli déjà tombe, effacé.

On voit, on se souvient, et c'est la vie humaine,
Faite avec des baisers, des rêves, des soupirs,
Chacun de nos regards, chacun de nos désirs
Forge un nouvel anneau de cette longue chaîne.

Et c'est pourquoi quand vient l'heure du grand adieu,
Par lambeau quand le coeur s'arrache à ce qu'il aime

P3 Puisqu'il faut tout quitter pour vous trouver mon Dieu!-
Il est si douloureux le brisement suprême!…..
___________

Noël là-bas…

Comme il fait froid dehors en ce soir de Noël!
Pour oreiller la terre, et pour voûte le ciel,
Autour, la Mort qui guette,
Les deux pieds dans la boue, et face aux ennemis,
Dans leurs creux détrempés nos héros sont blottis, 
En cette douce fête!

S'ils ont vécu sur les chemins et dans les bois,
S'ils ont souffert longtemps: des semaines, des mois,
S'ils ont lutté sans trêve,
Par la bise d'hiver, s'ils ont été glacés,
Ils ne le savent plus, ce soir, ils sont bercés
Entre les bras du rêve.

Voyez donc celui-ci, presque un enfant encore,
Ce n'est pas dans un trou, c'est dans son lit qu'il dort,
Sa mère est là, se penche...
Il a très bien senti son baiser maternel.
Même elle a dû sortir, car c'est demain Noël,
Ses habits du dimanche.

"Maman", dit le petit, en étendant les bras,
Ah! Ces appels d'amour qu'elles n'entendent pas
Ces (ou les) mères, ces berceuses,
Le nom jeté la nuit, aux quatre vents du ciel.










P4 et p5

P4  Peut-être fera-t-il - car c'est demain Noël,
 les cloches moins joyeuses.
………………………………………
Comme il fait bon ce soir, et comme ils sont touchants,
Ces tout petits souliers, des deux petits enfants,
Devant la cheminée.
Les minuscules blancs, aussi larges que longs
Puis un peu rapprochés des tisons,
ceux de la soeur ainée. 


Pour faire au doux Sauveur la liste des joujoux
Convoités, les chéris se sont mis à genoux;
Comme (mot pas sûr) Papa regarde,
Maman sourit un peu, de ce naïf appel,
Mais Jésus l'entendra - car c'est demain Noël-
"Allons! debout la Garde!"

Dans un brusque réveil, le soldat comprend, voit:
C'est la tranchée humide, il fait noir, il a froid…
Comme il est bien, son rêve!
Son foyer… Ses enfants… il est seul sous le ciel.
C'est la nuit… c'est l'hiver… et c'est demain Noël!
- "Debout! C'est la relève!"

Debout sur le créneau, guette les ennemis,
Veille pour protéger les soldats endormis
Étendus sur la terre.
Comme un rempart vivant, dresse-toi dans la nuit,
L'arme au bras, prête bien l'oreille au moindre bruit,
C'est ton Noël de guerre!

P5
Minuit! frêle et lointain, comme venant du ciel,
s'égrène l'Hosanna des cloches de Noël,
Semeuses d'espérance!
Des carillons d'antan réveillez les échos;
Pour bercer doucement l'âme de nos héros, 
Sonnez, cloches de France!


24 Décembre 1915

Fraîche idylle
- Souvenirs d'hôpital -

On se retrouve avec délices
À l'Hôtel-Dieu chaque matin,
Ils sont dans le même service, 
Lui est grave, elle a l'air mutin.

Dés qu'on se retrouve on se presse 
La main, et ce geste banal
A la douceur d'une caresse,
 Dans cette salle d'hôpital.

On parle de très graves choses:
Abcès, phlegmons, troubles nerveux,
Et l'on se sent devenir roses,
Soudain d'être là tous les deux.

Elle présente les compresses,
Lui les prend, très calme, et ne voit


   Poème de Noël, p6. Signé Alex…Flaucy?


P6 Que la ravissante joliesse 
De la main et des petits doigts.

Tandis qu'à la salle elle donne
L'éther, lui sur elle penché
Admire la nuque mignonne,
Le fin profil, un peu rosé…

Côte à côte sur la fenêtre,
Ils se disent sans fin tous deux
De ces riens, dont l'amour va naître.
Avril (mot pas sûr) palpite derrière eux!

Parmi les ruines croît la mousse
- De même en ce triste décor,
Au fond de ces coeurs d'enfants
Pousse la fleur bleue au calice d'or.

Elle n'embaumera sans doute
 Qu'une saison - Avant demain,
Cueillez donc vite sur la route,
La fleur d'amour à pleines mains.

Alex Flancy (nom illisible).


vendredi 18 décembre 2015

Beaucoup de colis en cette période de Noël! 18 décembre 1915. N°138.

Lettre, récit sans amertume de Monsieur Geneix secrétaire de l'Union des Facteurs Locaux et Ruraux, facteur d'un bourg du Puy de Dôme. C'est même plutôt une réflexion, même si le ton monte à la fin.

Reflexions d'un facteur. P 1.              
Transcrite par I. Chassaing le 18/12/2015

  Sur le front le 18 Xbre* 1915.

R**



Monsieur le Député

Permettez à un de vos compatriote de se rappeler à votre bon souvenir.

Le Secrétaire de l'Union des Facteurs Locaux et Ruraux du Puy de Dôme qui avait déjà à maintes reprises eu l'honneur de correspondre avec vous au sujet des revendications de ses collègues.

Mobilisés dès le début de la guerre, dans la Trésorerie et la Poste aux Armées, à laquelle j'appartiens depuis 1898. J'ai suivi le 13*** Corps dans toutes ses pérégrinations, Vosges, Lorraine, Seine et Oise, Oise, Somme a la fin de la bataille de la Marne.

Vous ne doutez pas que l'affection et le dévouement que j'apporte en temps normal


Reflexions d'un facteur. P 2.

P 2   à la défense des intérêts de mes camarades se sont maintenant reportés sur nos chers poilus.

Nous sommes une équipe d'Auvergnats, sous-agents à notre secteur, et nous faisons notre possible pour que les avalanches de colis ou de lettres ne mettent pas trop longtemps a parvenir a nos combattants.

Nous avons eu encore une grande chance d'être affectés a notre corps d'armée régional, de bons chefs de service, nous sommes partis 5 sous-agents de Clermont, et après assez de vicissitudes nous sommes encore tous les 5 ensemble.

C'est encore ce qu'il y a de meilleur pour le bien du service, la camaraderie aidant, beaucoup de dures besognes paraissent légères faites de bon coeur et en commun.

Inutile de vous dire Monsieur le Député que je ferai mon possible pour continuer mon devoir jusqu'à la fin; c'est à dire jusqu'à ce que les hordes de bandits qui ont souillé notre beau pays soient réduites à merci et chassées de notre pauvre Patrie et alors nous pourrons tous aller reprendre nos fonctions dans la petite patrie tant aimée.

Je souhaite de tout coeur que ce soit bientôt.

Je vous prie de bien vouloir, en attendant, accepter l'assurance de tout mon dévouement.
                                                                       Geneix

Geneix, ss-agent de 1ère classe
Trésor et Poste
Quartier Général
Secteur 98.

*    Xbre signifie bien décembre.
**  R signifie qu'il y a eu réponse de la part du Dr Chassaing.
***13è corps.

Réf 196J 88.


vendredi 11 décembre 2015

Brancards et bel en-tête!. N° 137

Il y aura une véritable affaire à propos des brancards.

Annonce du report d'un rendez-vous important.


Transcrit par IC le 10 déc 2015.

M Dufour, 27 rue Mauconseil,
à Monsieur le Docteur Chassaing
4 Bould St Marcel,
Paris.

Paris le 10 décembre 1915

Cher Monsieur,

Comme suite à la lettre qui vous a été adressée hier par Monsieur Henry, le rendez-vous que nous devions avoir aujourd'hui est reporté à Lundi prochain 13 courant à 10 hre et demie, Boulevard Magenta 11, à l'Office des Brevets d'Invention.
Je vais prévenir également Monsieur Jacquelin pour le prier d'assister à notre rendez-vous.
Dans cette attente, recevez, Monsieur, l'assurance de mes meilleurs sentiments.

                                                                                   M Dufour.
Réf. 196J 88 vue 132

vendredi 4 décembre 2015

Ordre de la Commandanture: donner sa vaisselle, ses tables et chaises etc. 1er décembre 1915. N°136.





1er Décembre 1915,
copie par E. Chassaing toujours, 
de l'ordre J N°3622 de la Commandanture, de Holnon, près de St Quentin.
Holnon fut avec Pontru juste à côté, le premier bourg où nous sommes allés en "pèlerinage" en 2008, après avoir découvert qu'il existait encore sur la carte!





Une belle maison à Pontru, tout près d'Holnon. 
Les ordres de la Commandanture y ont sûrement été donnés!
Nous avons été très gentiment accueillis par le propriétaire.
Ph I. Chassaing en 6/20O8.






Copie de l'ordre n°3622 de la commandanture
 sur l'obligation de donner toute sa batterie de cuisine,
 mais il faut en garder en cas d'occupation par les Allemands!..
Réf 196J126 vue 57.
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