vendredi 5 mai 2017

Dr Chassaing au chevet des blessés, par Mme Laurent. 5 mai 1917. Blog N° 210.

Madame Laurent est un peu la gazette d'Ambert.
 Directrice du Cours Complémentaire, elle est aussi voisine et amie du docteur.
Lettre montrant la vie quotidienne d'angoisse des familles.
5 mai 1917
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 Ambert 5 mai 1917.
Mon cher Docteur
Hier j'ai eu la visite de Madame Malhière, de la Collange, la mère de ces deux poilus que vous avez vus tout dernièrement, à Ham, je crois et dont l'un est assez grièvement blessé. L'ainé a écrit à ses parents pour leur dire combien il avait été heureux de vous voir arriver au chevet de son frère blessé.
Mme Malhière m'a instantanément priée de vous écrire pour vous remercier de toutes les marques de sympathie que vous venez de donner à leur pauvre enfant.
Inutile de vous dire que les parents sont très désolés, toutefois depuis qu'ils ont appris que vous aviez vu leur fils, leur angoisse s'est un peu atténuée.

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La famille Bouy, sous les allées* est sans nouvelles de leur fils instituteur depuis le 16 avril. Il appartient au 85 ème d'Infanterie dont le dépôt est à Cosnes. Aucun soldat de la région ne fait partie de ce régiment, aussi les pauvres gens – qui sont au désespoir – ne savent à qui s'adresser pour avoir quelques renseignements sur le sort de leur fils ; ils ont bien écrit au Commandant du dépôt et au Lieutenant de la 6è C ompagnie ; mais ces derniers répondront-ils.
Mon cher Docteur si dans cette circonstance vous pouvez faire quelque chose pour la famille Bouy,  n'hésitez pas ; vous savez que ce sont de bien braves gens et qu'ils sont des nôtres. Voici l'adresse


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du fils Bouy: Bouy, Jean
Caporal au 85 ème Régiment d'Infanterie
6ème compagnie 1ère section
secteur postal 54.
Le 85 ème Régiment d'Infanterie devait être près de Reims –

Les Bouy ont leur second fils, Antoine, qui est au Chemin des Dames ; en voilà encore un qui leur donne bien des inquiétudes.  Vous allez à Paris, vers le 14 courant, je crois, Mme Daunot  l'a écrit à Mme Jousserand; peut-être vous serait-il plus facile d'avoir des renseignements sur le fils Bouy. - moi, je compte qu'il a la vie sauve ou (?)
qu'il est seulement prisonnier.

Vendredi dernier, je vous ai adressé par la poste un petit colis, un peu de beurre très frais - je veux croire qu'il vous est déjà arrivé et en bon état.

Ma sœur va bien ; la plaie est bien fermé et l'épiderme


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se reforme; je permettrai qu'elle reprenne son service en juillet ce qui lui permettra de toucher son traitement pendant les mois de vacances.
De Lucienne, nous continuons à avoir de bonnes nouvelles ; son examen est fixé le 13 juin, plus que cinq à six semaines de travail. Quel soupir de soulagement si elle est reçue!
Vous nous feriez plaisir en nous envoyant un petit mot de Paris ; vous nous donnerez en même temps des nouvelles du boulevard Raspail **-
Nous nous réunissons, mon cher Docteur, pour vous envoyer l'assurance de nos sentiments affectueux
M.L. Laurent.

* Sous les Allées: en contre bas de l'avenue appelée "les Allées ", à Ambert.
** Au 12 Bd Raspail l'hiver, et à Ambert l'été, habite Mme Douarre, riche veuve dont le mari était un vendeur important au grand magasin "Au Bon Marché"

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