vendredi 7 avril 2017

Blessé en avion. Prémices AS. 8/4/1017. Blog N°206.

Auto-observation: propos recueillis par le Dr Chassaing, de la bouche du convalescent Georges Picquot, blessé dans l'avion depuis lequel il mitraillait, le 8 avril 1917.
C'est une des toutes premières évacuations sanitaires, imprévue.
G Picquot est finalement mort peu après, et pas déclaré mort pour la France.
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Auto-observations d'un blessé


Le 8 avril 1917 à 16h30 exactement je me trouvais à une altitude d'environ 1600 m au-dessus de la forêt de Saint-Gobain, comme je fut attaqué par deux avions de chasse ennemis; j'eus à peine le temps de riposter que j'ai trouvé subitement une assez vive douleur dans le bas-ventre, quelque chose d'analogue un coup de pied et je compris que j'étais touché. J'étais debout dans la carlingue et je fis signe au pilote que la lutte était désormais inégale et qu'il pouvait descendre.

Je ne me rendis pas un compte exacte de la blessure que j'avais reçue mais je pris immédiatement confiance, peut-être irraisonnée mais réelle, en constatant que je résistais au choc et que ma souffrance était supportable ce qui me permit de continuer sur les boches le feu de mes deux mitrailleuses. Ce fut probablement un des 
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"facteurs de sauvetage de l'équipage"

facteur du « sauvetage » de l'équipage car si j'avais perdu connaissance et que j'avais arrêté de monter nous étions probablement "descendus".


Bref les boches n'insistèrent pas et firent demi-tour; nous étions bien encore à 15 km à intérieur des lignes allemandes quand nos ennemis nous lâchèrent.


Maintenant je voyais les paysages défiler rapidement sous nous, nous laissions Chauny à notre droite et je me rendis compte d'après notre descente vertigineuse que mon pilote cherchait activement un terrain propice à notre atterrissage. Pas trop de heurts en l'air mais quelques remous assez désagréables.

J'aperçois bientôt le terrain de Cuts sur lequel nous venons nous poser avec la délicatesse de « l'abeille sur la fleur ». Je n'ai jamais autant éprouvé de plaisir à me sentir atterrir.

Notre appareil est immédiatement entouré par le personnel de l'escadrille ; il est criblé de balles ; moi-même j'ai été une jolie cible, on compte une dizaine de trous dans ma combinaison en fourrure et l'on trouve trois balles dans la poche gauche.

On me sort de l'appareil avec beaucoup de précautions et je suis étendu sur un brancard. Un médecin aide-major me fait un pansement sommaire; il était environ 17 heures à ce moment-là suis hissé dans un tracteur et en route pour Noyon. Le trajet s'est accompli aussi doucement que possible et j'arrivais à l'ambulance 8-13 à 17h30 où je fut radiographié et opéré de suite. Une heure à peine s'était écoulée depuis ma blessure, c'est un record !

Georges Picquot

Sergent mitr (mitrailleur) aviateur.

Le 7 mai 1917.





196J 56 vue 52. Fiche de blessé de Georges Picquit
Picquot Georges
        Le 31 mai 1894 à Châtellerault
Caporal–mitrailleur escadrille R-209
Blessé : ligne de l'Aisne le 8 avril à 16h30 à distance de 30 à 40 mètres.
Premier pansement : au camp d'aviation à 8 km de Noyon à 16h45–transporter une demi-heure après en automobile à l'auto chir 21 -
Sérum antitétanique: à 18h30 sur la table d'opération.
Nature et caractères de la blessure: balle fosse iliaque immobile sous le doigt à environ 9 cm de profondeur–
Sur R 4 (40 km) était isolé a été brusquement assailli par trois avions de chasse - disposés en demi-cercle -
Médecin-chef Dr CHASSAING


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