vendredi 9 février 2018

Un heureux qui élève des cochons. 6/2/1918. N°250

Un officier d'approvisionnement heureux et positif.
Cette lettre n'est pas adressée au docteur Chassaing
Je ne suis plus en tranchée
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6 Février 1918
Mon cher Antoine

Je reçois ta lettre du 2 par laquelle j’apprends avec plaisir que tu es en bonne santé ainsi que Louise et tes enfants. Moi je vais très bien. Je vais d’autant mieux que je ne suis plus en tranchée et j’espère ne pas les reprendre de quelques temps .

Depuis dimanche dernier je suis officier d’approvisionnement de mon régiment, on m’a porté samedi soir aux tranchées la nouvelle, aussi j’ai passé avec un bien grand plaisir à mon successeur, une excellente compagnie ma foi (et que je ne puis m’empêcher de regretter) avec toutes ses mitrailleuses et tout le matériel. J’avais pris beaucoup de peine pour elle, et ça marchait, mes hommes étaient soignés, j’étais arrivé à leur donner 2 repas par jour se composant chacun d’une soupe, un plat de viande, un plat de légumes, et je leur donnais en outre un supplément chaque jour de fromage et de confiture ; ¾ de litre de vin au moins par jour, très souvent un litre – C’était la seule Cie du régiment qui avait ce régime, mais je m’en occupais activement, et je trouvais des légumes à 29 ct (vérifiez)  le kilogr



Un bon lit, des draps… Que peut-on demander de plus
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Une baraque pour y mettre autres 4 porcs
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alors que mes collègues les payaient 50
J’ai laissé une grosse provision d’haricots et un boni (un bonus? Vérifier) formidable – Cela ne m’a apporté d’argent certes, mais beaucoup de satisfaction –

Je tombe dans un service assez négligé jusqu’à ce jour, il était dirigé par un instituteur, qui n’aimait pas le soucis et ne prenait guère d’initiative – Les Cies disent qu’on y connaît déjà du changement –

Il est pourtant facile de s’en occuper, ici ce n’est pas la vie souterraine des tranchées, et le souci continuel qu’on y a quand on est chef d’unité.

Mon service est installé dans un Caquetieu (illisible, vérifier), où sont construites des baraques en bois, pas de « voisin », j’ai pour moi seul une petite baraque très bien aménagée, un bon poêle, du bois et du charbon à volonté. Un bon lit, des draps que j’ai reçu de chez moi, que peut-on demander de plus –

Je n’ai pas le temps de m’ennuyer une minute, je me lève à 5 heures, je pars à 6 heures, je rentre vers 11 heures, je soir je m’occupe du cantonnement ou je vais voir les Cies.

J’avais à la 1ère CU ( vérifier), une excellente jument, je l’ai gardée avec moi, je puis dire que je suis favorisé, on m’accorde tout ce que je demande.




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J’ai beaucoup de chevaux, des voituriers, des camions, me voici revenu à mon métier civil. J’ai beaucoup de place autour de mes baraquements. Autour de moi environ 60 hommes, aussi je suis entrain de faire monter une cabane, j’ai acheté 2 porcs que j’y mettrai, je pense y en mettre 4, si ça va aussitôt finie j’en achèterai autre 2. Je crois que je les nourrirai pour rien avec toutes mes eaux grasses – J’ai à côté de moi 200 artilleurs qui me donneraient aussi leurs eaux grasses, peut-être monterai-je une baraque pour y mettre autres 4 porcs – Tout cela occupe et distrait. Mes hommes en profiteront.  Je vais faire un beau jardin à côté de mon baraquement, ayant beaucoup de fumier. J’espère toutefois que je n’y récolterai pas ce que je sèmerai car j’espère que la guerre sera finie avant.

J’ai été surpris d’apprendre que Prat est parti de Clermont, toutefois je crois que c’était bien son tour, et puis les vétérinaires sont aussi bien au front qu’à l’intérieur . Je dirais même mieux. Je comprends comme toi depuis longtemps que la vie est dure là-bas, et je ne cesse de le dire ici. Malheureusement on ne



Ce sont eux (les enfants) qui souffrent le plus de la guerre
 actuellement
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 se figure pas que tant de gens souffrent, on ne voit que ceux qui ont l’abondance ? Il serait bien à désirer que la guerre finisse pour que chacun reprenne sa place chez lui – 

Je ne pense pas aller en permission avant le 15 Mars, j’espérais y aller avant fin courant, mais mon adjudant part le 15 pour 23 jours, je ne pourrai partir qu’à la rentrée. 

Bien des choses à Louise et à tes enfants auxquels je pense souvent en raison des privations qu’on leur impose, ce sont eux qui souffrent le plus de la guerre actuellement, et cela ne devrait pas être.

Je t’envoie mes amitiés et te serre cordialement la main.
Albert
Officier d’approvisionnement, 104è Tal (Territoriale) SP 71

J’ai appris qu’on m’a oublié au ministère pour me nommer lieutenant, je ne veux pas réclamer, craignant de faire arriver de l’ennui à mon colonel que j’estime trop, car si j’ai travaillé à son régiment il l’a reconnu – d’ailleurs ce n’est que renvoyé : ça ne peut pas tarder à venir -


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