jeudi 6 mars 2008

GUERRE 1914/1918 Médecin Aide-Major E CHASSAING

En  cours  de réactualisation, et d' illustration, Mai 2013, Juin 2013.

AOÛT 1914
 Le Docteur E. CHASSAING avait été réformé pour présence d'un léger souffle au coeur lors de son passage au conseil de révision ( en 1896).  
À la déclaration de guerre du 1er Août 1914, il demande de repasser le conseil de révision et est accepté, dès la  deuxième quinzaine d'Août, en tant que médecin aide-major de deuxième classe. Il est
affecté à la 6ème Armée, en soutien au médecin aide-major de 1ère classe Pierre DUVAL qu'il secondera toute la guerre. Le Dr Pierre Duval est un chirurgien de Paris et devient un spécialiste des blessures et fractures de guerre (sutures primitives). Après la guerre, il publie un livre qu'il dédicace au Dr Chassaing.
Dans l'urgence des premiers combats et du grand nombre de victimes le Docteur CHASSAING est appelé sur le front de la Marne puis Verdun et revient, avec la 6ème Armée, sur le front de la Somme. Ses parents ne reçoivent aucune nouvelle durant plusieurs semaines: en effet, les combats violents demandent des secours urgents et sans interruption. Le Dr CHASSAING manque de périr le 14 octobre 1914, dans le bombardement d'une rame de wagons de blessés installée dans la gare de LÉROUVILLE (55200) près de COMMERCY. Il a été cité à l'Ordre du Service de Santé. 
Citation à l'ordre du Dr Chassaing, du service de santé des Armées (10 nov 1917).  
 Fin octobre il reprend contact avec son père en exprimant l'état déplorable des civières souillées par les blessés et également leur largeur trop importante qui les empêche de passer par la porte des compartiments des wagons de train. Jules CHASSAING et son fils dessinent un brancard avec écartement variable et 2 modes de fixation des toiles. Les dessins datent de nov 1914 et 2 modèles de brancard réalisés par un fabricant parisien de tentes et abris sont proposés à l'Armée. Le Dr CHASSAING ne reçoit aucun émolument mais demande que soit versé, par brancard fabriqué, 0,50 F à une association d'aide aux soldats mutilés. La demande est très importante: des milliers de civières sont fabriquées.


Brancard à largeur variable et à toile amovible, présenté par le Dr Chassaing, à gauche












Dr E Chassaing devant "son" train sanitaire semi-permanent n° 19

Cuirasse de guetteur allemand essayée par une infirmière!
Train Sanitaire semi-permanent N° 19 État, religieuses et un blessé.
 Ce sont les religieuses  de la Sagesse, a dit notre cousine Sabine B
en mai 2013.



Entre fin 1914 et début 1915, le Dr Chassaing est également chargé du convoyage par train des blessés vers des hôpitaux plus éloignés du front. En effet, si les trains montant au front amènent  soldats, chevaux réquisitionnés, 

Train Sanitaire déchargeant des chevaux. Noter la présence d'enfants.
 canons et munitions, les wagons vides permettent de ramener vers les hôpitaux ou centres de convalescence les blessés. Dès les premiers voyages le Dr CHASSAING remarque la lenteur des trains et enregistre leurs moyennes horaires, souvent inférieures à 14 km/h (mais il y a parfois des arrêts de plusieurs heures!). Utilisant sa qualité de député, il interpelle ses collègues, secrétaires d'Etat ou autres, sur tous ces problèmes : étroitesse des portes de compartiment, lenteur des trains due à une mauvaise coordination entre chefs de train, responsables militaires et chefs de gare - inconfort des wagons de marchandise - absence de chauffage - etc..
Infirmière, fillette et un blessé
1915
Début 1915, après la stabilisation du front de guerre due au froid de l'hiver, dans la 6ème Armée, notre médecin est affecté à une ambulance chirurgicale.
 Sa mobilité permet de se déplacer rapidement pour l'époque et d'intervenir en fonction des attaques.

Une ambulance chirurgicale de 1915 comprend 9 véhicules:
- 1er camion de 3,5 tonnes avec chaudière, stérilisateurs, autoclaves et lessiveuse.
- 2ème camion pour radiologie et radioscopie.
- 3ème camion pour pharmacie, lingerie.
Ces trois gros camions entourent le pavillon opératoire où peuvent exercer simultanément 4 équipes de chirurgiens dans 3 salles d'opération; ce pavillon est en contreplaqué et recouvert de toile (dimension 14,8 x 4,8 mètres).
- une camionette légère de 1,5 tonne, une voiture pour officiers et 4 voitures d'ambulance.
Une section d'hospitalisation comportant 100 lits est placée à proximité.
La première ambulance, complète et respectant cet ordonnancement, a quitté Paris le 7 mai 1915.  (source: la revue "L'Illustration").

Dès le printemps 1915 les chemins de fer d'État signalent des trains express sur ces axes prioritaires pour l'Armée reliant le front à Dieppe, Rouen, Brest, Bordeaux, Angers, Orléans. Malgré tout la vitesse des trains de blessés, moyenne de la gare de départ à l'arrivée, qui était de 13 km/h en 1914, atteint difficilement 15 à 17 km/h (enregistrement du Docteur CHASSAING sur son cahier de suivi des trains et des blessés transportés).
Si les conditions climatiques ne sont pas trop dures, les blessés couchés préfèrent le wagon bétaillère avec sa paille, plus confortable que les banquettes en bois, absorbant mieux les chocs des rails discontinus. La recherche du Dr CHASSAING , dans ces transports, est l'amélioration du confort des blessés et la rapidité d'accès aux hôpitaux.
Les équipes du Dr Pierre DUVAL sont centrées à la jonction des fronts tenus par les anglais jusqu'à la Belgique, aidés par les troupes du Commonwealth ou des pays de langue anglaise, et les troupes françaises qui s'étendent jusqu'à la Suisse. Les Etats Majors se trouvent à VILLERS-BRETONNEUX (80380).
État-Major ? Et médecins; Dr Duval, petit au milieu
Plusieurs aérodromes , anglais ou français, permettent d'observer le front de la Somme et font rêver le Dr Chassaing, admiratif de toutes les inventions apparues à la fin du 19 ème siècle (électricité, train, voitures automobiles, radiologie, téléphonie, aviation,..) et utilisées à fond pour aider les Armées.
Il ne faut pas oublier que sa vie de député, avec le courrier très dense de ses électeurs, doit réponses et interventions, et assistance aux sessions (rares heureusement) de l'Assemblée Nationale. Ces sessions lui offrent des permissions qu'il essaye de combiner avec un saut en Auvergne pour voir sa famille et ses concitoyens de la région d'AMBERT. Mais quand le journal d'Ambert annonce que le Dr Chassaing est en congé, il s'agit d'un congé parlementaire, et non  de vacances, car il est alors au front!

En Avril, il est prévenu qu'un ingénieur ECP M. HENRY a posé un brevet copiant son brancard et touche des royalties! L'appel de 2 avocats et l'honnêteté de son fabricant de brancards conduisent à un accord et un dépôt de brevet en Août 1915, commun au Dr CHASSAING et à M. HENRY, avec versement aux blessés de guerre.

1916
Équipe de l'ambulance chirurgicale 21 à Villers-Bretonneux, E Chassaing à droite
Tout en aidant les blessés dans son antenne chirurgicale automobile (n°21 et dans les transports ferroviaires, il envisage d'améliorer les conditions de transport en utilisant l'avion dont la puissance et le volume ne cessent d'augmenter, ainsi que sa fiabilité. La rapidité de ce moyen de transport permettrait d'opérer les blessés du ventre dans les 3 heures et de sauver de nombreuses vies. Cette idée ne pourra être réalisée que l'année suivante en 1917.

1917
Pendant la période plus calme de l'hiver sur le front, en janvier 1917, le Dr DUVAL et 2 de ses adjoints, les Docteurs CHASSAING et BECLÈRE, sont envoyés en Italie pour comparer les méthodes chirurgicales des 2 côtés des Alpes. 
En mars 17, lors du retrait volontaire des troupes allemandes sur la ligne HINDENBURG, l'équipe du Dr DUVAL est sur place pour recevoir les témoignages des libérés de NOYON (60400) et de ses environs. Le Dr CHASSAING ramène des photos de NOYON libéré et des commentaires des prisonniers français libérés.
Les combats du printemps 1917 conduisent le Dr CHASSAING à aider les services sanitaires anglais et il interviendra auprès des premiers ypérités à YPRES (Belgique).
Victime des gaz


Il recevra , bien après la fin de la guerre, la médaille du Roi Léopold des mains de la Reine de Belgique, pour son aide apportée, médaille dont il était très ému.
Cette année-là a été cruciale pour le Dr CHASSAING : obtenir l'accord de l'Armée pour modifier des avions de guerre, réformés, en avions aménagés pour le transport de blessés, et réaliser des essais de vol. L'aide de Justin GODARD lui permet d'obtenir un avion AR (Atelier ou Aviation Renault), réformé. La modification d'un avion AR est réalisée par le service dirigé par le Général ingénieur DORAND, responsable du service technique des avions installé à Villacoublay. Le Lieutenant DALSACE (en un seul mot) modifie l'avion AR en supprimant l'emplacement du mitrailleur à l'arrière et en y adaptant un support pour 2 brancards superposés et avec accès par le haut.
Deux des brancards du Dr CHASSAING, à largeur variable, furent adaptés pour rentrer dans le fuselage très étroit de l'avion AR n°1108. Un premier essai a lieu à VILLACOUBLAY avec le pilote-mécanicien PICCIONI,  quasiment le seul capable de faire tourner cet avion réformé. Le docteur CHASSAING prend la place du malade sur le brancard supérieur et un sac de sable simule le blessé du brancard inférieur. Après un démarrage laborieux, inquiétant pour le cobaye car c'est aussi son premier vol, l'avion s'élève le 22 septembre. Ce fut ainsi le premier vol d'un avion spécialement équipé pour le transport de blessés sur un brancard. Le caporal TÉTU jouera le rôle de deuxième cobaye au deuxième essai du 22 septembre et il sera aussi enthousiaste que le Docteur.  
Le 27 octobre 1917 une présentation plus officielle, avec le même cobaye, est faite en présence de représentants de l'armée et du service de santé, dont Justin GODARD sous-secrétaire d'Etat à la santé, ainsi que la presse.
Le 10 novembre, en présence de membres de la 6ème Armée, nouveaux essais avec le pilote Sergent VIGNERON. Ces essais se déroulent entre le mont de SOISSONS et le moulin de LAFFAUX et seulement à 6 km des lignes allemandes.
Fin 1917, le service technique des avions est autorisé à modifier 5 autres avions AR.
Zuydcoote, salle de fractures en extention, en 1917 

1918
En avril et mai 1918, 6 avions AR, en fin de carrière, modifiés DORAND DALSACE, sont disponibles pour intervention sanitaire et prêts à s'envoler sur l'aérodrome de Villacoublay (?).
Au printemps, avec les troupes allemandes ramenées du front russe ( armistice entre la Russie et l'Allemagne le 15 déc 1917 et traité de paix à BREST-LITOVSK le 3 mars 1918) , attaques très violentes sur le front de la Somme et, en particulier, reprise en quelques jours du chemin des Dames par les troupes d'élite allemandes. Les lignes anglaises sont enfoncées et des renforts français sont envoyés  sur le front anglais vers YPRES (Belgique). Les ambulances chirurgicales suivent et le Docteur CHASSAING se retrouve vers POPPERINGUE (Belgique). Il repère un terrain possible pour ses avions sanitaires et un appel est envoyé pour les recevoir. Aucun avion n'arriva jusqu'au terrain préparé. Mon père ne sut jamais la raison : lignes téléphoniques coupées par l'ennemi ou Armée débordée et ne cherchant qu'à stopper l'attaque allemande ? Pas de réponse, même longtemps après la fin de la guerre, malgré ses recherches en tant que député.

Les comptes-rendus des essais d'aviation sanitaire parviennent au Général LYAUTEY, Résident du Maroc. Très intéressé par l'évacuation des blessés par la voie des airs, il demande que le Docteur CHASSAING soit affecté au Maroc. L'aide américaine et l'épuisement des forces allemandes permettent de libérer le Docteur qui est envoyé au Maroc en septembre 1918. Il ne verra l'armistice que de là-bas. 
Début novembre 1918 le Docteur CHASSAING fournit un plan du Maroc avec implantation de pistes pour avion léger, espacées d'environ 60 km. Il est ainsi possible de rejoindre tout lieu du Maroc avec un rapatriement rapide de blessés soit sur MARRAKECH soit sur FEZ, où se trouvent des hôpitaux français bien équipés.
La guerre étant terminée, des centaines d'avions sont destinés à la casse et 60 BRÉGUET 14B2 sont mis de coté, à la demande du Docteur CHASSAING, pour être repris par les Services Techniques de Villacoublay et transformés en avions sanitaires. Ces avions plus puissants, 100 chevaux de plus que l'AR, permettent la mise en place de 2 blessés beaucoup plus facilement par un accès latéral. Ces avions attendront longtemps pour être modifiés, autorisation militaire donnée seulement fin 1919 Une vingtaine de ces 14B2 sont envoyés au MAROC et les autres sur le front de l'ORIENT ( Syrie-Liban) courant 1921, et très appréciés par les responsables militaires locaux.
           

4 commentaires :

  1. Complimenti per l'articolo! Mi chiamo Baldo Daniela e sono una ricercatrice storica della Prima Guerra Mondiale. Mi occupo della storia dell'Università Castrense di San Giorgio di Nogaro (Udine). Nel gennaio- febbraio del 1917, il Dr. Chassaing e il Dr. Duval visitarono questa facoltà medica da guerra e il prof. Duval tenne anche alcune lezioni agli studenti. Chiedo in modo particolare alla famiglia Chassaing se nell'archio vi sono documenti e fotografie di questa visita a San Giorgio di Nogaro. In attesa di una qualche risposta, invio distinti saluti
    Ins. Daniela Baldo
    mail daniela_baldo1@yahoo.it

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir, Oui nous avons des documents et quelques photos du voyage en Italie de mon beau-père en janvier et février 1917, pour le service de santé. Dites-moi si vous recevez cette information, et je vous enverrai des documents par mail.
      Bien cordialement (j'ai déjà envoyé un mail)

      Supprimer
  2. Tres bon travail de recherche. J'etudie les wagons de type J 40&8 utilises pour transporter 40 hommes ou 8 chevaux. J'ai beaucoup apprecie l'image de la rampe avec le cheval. Merci pour cet excellent travail de memoire!

    RépondreSupprimer
  3. Merci beaucoup pour ce commentaire. Je pense que vous étudiez les wagons 4018? Je ne sais pas si je pourrai vous aider! Vous avez, je pense, vu que, depuis bientôt 2 ans, je publie un document par semaine (parfois plus), qui a juste 100 ans, choisis parmi les 15500 environ, que j'ai référencés à ce jour. Tous font partie des archives conservées par le Dr Chassaing. J'espère continuer de vous intéresser. Bien cordialement

    RépondreSupprimer