Toujours mis à contribution
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Mon cher Docteur,
Je viens vous demander un service. Vous savez qu'au printemps dernier, un accord est intervenu entre la France et l'Allemagne pour l'échange des prisonniers de guerre et le rapatriement des internés civils, retenu en Allemagne ou en pays envahi. Nous avons cru pendant longtemps que cet accord jouait également pour les internés
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civils retenus en Autriche et nous espérions que mon beau-frère, ma belle-sœur et leurs deux enfants qui sont restés à Vienne où ils étaient employés à la maison Michelin allaient pouvoir rentrer.
Hélas ! Cet accord est inopérant pour l'Autriche. Les civils retenus là-bas ont été simplement oubliés, sans doute parce que la France et l'Autriche n'avaient pas respectivement des soldats prisonniers de guerre originaires des pays intéressés.
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Ne serait-il pas possible de tenter quelque chose en faveur de ces malheureux qui parviennent quand même à nous donner des signes de détresse. L'approche du 5ème hiver à passer dans des conditions misérables rend leur situation encore plus angoissante. Je viens vous demander de vous renseigner au Ministère des Affaires Étrangères, s'il n'est pas possible de les faire rapatrier. Je doute que l'état actuel des accords internationaux permettent le rapatriement, mais si les dispositions prises vis-à-vis de l'Allemagne ne peuvent s'étendre à l'Autriche
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ne pourriez-vous pas demander au Ministère qu'il prenne l'initiative d'un accord avec la double monarchie sur les mêmes bases que celui qui a été conclu avec l'Allemagne et la Turquie. Les internés retenus en Autriche semblent avoir été oubliés, ce serait un simple acte de justice que de les traiter de la même façon que les autres.
J'ose espérer que vos démarches au Ministère des Affaires Étrangères seront couronnés de succès ; c'est dans cet espoir que je vous prie d'agréer l'hommage de mes sentiments les plus dévoués.
Signé F. Concordel
F. Concordel. Commission de réception des munitions
Clermont-Ferrand